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Dans Colza, Alice Baylac invente un nouveau genre de conte de fées, à la fois queer et révolté ; les lesbiennes s’y donnent des noms de code, réinventent l’héritage littéraire et refondent les rites initiatiques de l’enfance, comme de l’adolescence.
comment commencer ? par quoi ? en refermant Colza, j’avais pris tellement de notes que j’étais perdue ; alors je me suis accrochée à la plus petite évidence, celle qui m’était venue presque immédiatement devant l’alternance de parties, courtes, en italiques, et d’autres parties, plus longues, en romain. Ça m’était familier ; c’était comme l’expérience des Vagues de Woolf, dix ans plus tôt, où l’autrice m’emmenait d’un niveau de réalité à l’autre : les parties, en italiques, c’était la mer qui se retire, l’ordre d’une description lyrique et symbolique ; on retournait au réel en abandonnant la lettre couchée.
Alice Baylac fait la même chose : elle m’emmène, moi la lectrice, de l’espace du conte et du symbole, de l’histoire derrière le miroir – celle de Colza et de ses amantes – à l’autre espace, celui du je, celui qu’on dirait tiré tout droit de la génération Y, mais en lesbien : ces enfants des années 90 pour qui La Vie d’Adèle, Instagram et les cachetons d’ecstasy forment une toile de fond.